De minuscules champignons de provenance locale sont à l’oeuvre sur place depuis quelques mois pour absorber les polluants, ce qui comporte des avantages économiques et surtout écologiques ! On évite ainsi un cortège de camions vers des décharges saturées. Ce procédé sera également appliqué à la Pointe de la Jonction au moment de la création du futur parc.

Les chantiers se déroulant en milieu urbain font très souvent face à une problématique de pollution des sols, principalement par des hydrocarbures. Les travaux préparatoires de terrassement et d’excavation doivent dès lors prendre en compte ce paramètre. Les techniques habituelles de dépollution (thermiques ou chimiques) sont très énergivores et nécessitent des transports de terres et minéraux fortement pollués par camion vers des décharges spécifiques, pour être stockés et traités selon leur niveau de pollution.

Afin d’améliorer l’impact écologique de ses chantiers, la Ville de Genève expérimente en ce moment une alternative de dépollution partielle par des bactéries et des champignons, nommée bioremédiation, proposée par la société genevoise Edaphos.

Ainsi, sur le chantier du bâtiment d’équipements publics de la gare des Eaux-Vives, c’est une parcelle de plus de 10 000 m2 qui a bénéficié de ce nouveau processus cet été. Un tri des terres a été nécessaire avant de former différents remblais, dans lesquels une inoculation bactérienne et fongique a été effectuée. Afin de permettre un environnement favorable au développement des champignons, des bâches noires recouvrent les tas ainsi formés. Durant 4 mois, les champignons sélectionnés se sont nourris des polluants et les ont dégradés, reproduisant un phénomène naturel mais accéléré. La diminution conséquente du niveau de pollution permettra l’évacuation en installation de stockage adaptée, nécessitant désormais beaucoup moins de précautions et de traitements qu’au départ.

Un projet est en cours pour transformer la pointe de la Jonction en un vaste parc public, en concertation avec les habitant-e-s du quartier et les usager-ère-s du lieu. Actuellement, des «micro-chantiers» sont effectués pour tester différents aspects du projet. L’une de ces expérimentations porte sur la dépollution naturelle des sols.

Des sondages ont été effectués en septembre 2023 pour prélever des échantillons des polluants présents dans les sols. Des tests en laboratoire sont en cours pour dépolluer ces matériaux, notamment à l’aide de champignons et de bactéries. Certaines espèces sont en effet capables de digérer et de transformer des éléments pollués. Cela permet notamment de limiter l’enfouissement des sols contaminés en décharge. Si les résultats en laboratoire sont concluants, l’idée est de tester ces méthodes sur site en 2024.

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Source : https://www.geneve.ch/fr/document/magazine-vivre-geneve-96 (page 23)

Photos  : Didier Jordan – Ville de Genève