Interview de Frédérique Perler : Pourquoi il faut voter le PLQ Bourgogne
Quel est pour vous l’enjeu de ce scrutin ?
Ce sont des question existentielles pour une ville en proie à une pénurie persistante de logements. Genève sait-elle encore loger sa population avec des loyers abordables et contrôlés par l’Etat, de surcroit autour d’un nouveau parc public? Ou veut-elle sacraliser des villas et leurs jardins privés au nom d’une pseudo-écologie? Va-t-on exiler nos jeunes familles plutôt que de leur proposer un toit proche du centre, des services et des transports publics? Si un projet d’une telle qualité ne passe pas la rampe, ce serait à désespérer.
Les référendaires fustigent un PLQ qui accentuerait une densité déjà excessive…
Les chiffres démentent ce grief. Le PLQ prévoit un indice d’utilisation du sol de 1,6 (contre plus de 3 aux Pâquis ou à l’Etang) et des édifices de six étages sur nez – soit un gabarit inférieur à ceux admis en zone de développement 3. Détail piquant: il s’est trouvé des voix dans un même parti pour fustiger une densité trop forte ou au contraire trop faible. Cela montre que le projet est équilibré!
Les opposants dénoncent la coupe de 600 arbres. C’est gênant pour une écologiste, non ?
Les référendaires exagèrent. Ils recensent sans doute le moindre arbuste dans ces jardins privés qui, d’ailleurs, ne brillent pas toujours par leur biodiversité ou leur gestion écologique. Certes, la construction d’immeubles impliquera de couper des arbres. On ne le nie pas et cela ne se fait jamais de gaieté de coeur ou à la légère. Il s’agit de logement! Les injonctions du PLQ forcent à préserver un maximum des spécimens existants et la législation contraint de compenser les coupes par de nouvelles plantations, ici ou ailleurs – ce que la Ville compte bien faire!
Un parc est-il vraiment nécessaire? Celui des Franchises est voisin !
Justement! Le nouveau parc qui traversera le coeur du quartier ébauchera un trait d’union entre les Franchises et Geisendorf. À une échelle plus large, il contribue à dessiner un parcours verdoyant du quartier verniolan de l’Etang jusqu’au centre-ville. Cela a du sens pour toute la Rive droite! D’une taille comparable au Jardin anglais (1,5 hectare) le parc de Bourgogne s’ouvrira à la collectivité, contrairement aux jardins privés actuels. Les clôtures seront bannies il y aura une attention forte à la perméabilité des sols. Le périmètre du PLQ offrira 50% de pleine terre grâce à une gestion exemplaire de la mobilité, avec une dotation minimale de parkings sous les immeubles. Des stationnements vélos sont prévus au pied de certains édifices alors que d’autres rez-de-chaussée abriteront des arcades commerciales et artisanales.
Aucun équipement public n’est-il prévu?
Une réserve foncière de la Ville jouxtant le PLQ pourra servir à compléter les équipements publics si ceux déjà nombreux alentour ne devaient pas suffire. De plus, la conception du PLQ se calque sur le tissu parcellaire actuel et permet donc de bâtir au rythme des cessions. Aucun propriétaire n’est tenu de vendre.
Tout a été pensé avec soin. Perdre cette « guerre de Bourgogne » serait téméraire pour Genève. Ce serait le signe que, malgré les qualités reconnues de ce PLQ, notre ville choisirait d’exporter l’impact de sa pénurie de logement jusqu’aux tréfonds de son arrière-pays, quitte à générer des milliers de kilomètres en plus de bouchons pendulaires et motorisés. Une issue injouable au vu des enjeux du XXIe siècle.
Un entretien réalisé dans le cadre du dernier « Causes communes », journal trimestriel des socialistes – Ville de Genève :
https://www.ps-geneve.ch/wp/wp-content/uploads/2023/02/2320155_PS_Causes_Communes_N61.pdf