Genève s’est jointe au mouvement pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il y a notre solidarité et nos liens avec l’arc jurassien. Mais il y a aussi nos intérêts propres… L’Intercity 5 qui sillonne la ligne du pied du Jura a disparu de Genève depuis le mois de décembre. Il s’agissait de l’un des deux seuls services Intercity qui desservait Genève, avec l’Intercity 1 (la magistrale du Plateau). Aujourd’hui, Genève, deuxième ville de Suisse avec 207’000 habitants, ne bénéficie donc plus que d’une seule liaison Intercity par heure et par sens, avec l’Intercity 1: c’est trois fois moins que Renens, une ville de 22’000 habitants. Cette perte survient alors que Genève a déjà connu en 2015 la suppression de sa liaison directe avec Bâle via Bienne et Delémont.

Jusqu’en décembre, l’Intercity 5 était la liaison de premier choix pour gagner Bâle avec changement de quai à quai à Bienne et c’était aussi la liaison la plus rapide pour gagner Zurich. L’horaire 2025 ne fait donc pas qu’isoler des régions périphériques comme celles de l’arc jurassien. Il malmène aussi les liens entre Zurich, Genève et Bâle, c’est-à-dire les trois plus grandes villes du pays. Ce n’est pas bon en termes de cohésion nationale. Ce n’est pas bon non plus en termes de transfert modal et d’environnement.

Au-delà de leur importance comme villes et centres économiques, Bâle et Zurich sont aussi d’importants pôles ferroviaires internationaux qui permettent de gagner l’Europe du Nord et de l’Est, notamment avec le redéploiement du réseau de trains de nuit – un redéploiement dont la Suisse romande ne profite pas actuellement, ce qui est malheureux, car ce réseau nocturne est susceptible de favoriser un transfert de l’avion vers le rail, hautement souhaitable du point de vue écologique.

Ce n’est donc pas un hasard si les milieux internationaux de Genève se sont insurgés face à l’horaire 2025, avec le CERN en tête, adressant une pétition de 600 signatures au Conseil fédéral. Pour continuer à jouer son rôle de vitrine internationale de la Suisse, Genève ne peut pas être reléguée au rang d’une banlieue de Renens. Il en va de même si on veut que ce canton reste l’un des huit contributeurs nets à la péréquation fédérale. Genève demande donc fermement que la situation que nous subissons prenne fin au plus vite.

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