La pollution? C’est mieux qu’avant, donc tout va bien, dit en substance cet élu PLR, qui préconise tout au plus des doubles vitrages. En clair: que la population vive dans des aquariums hermétiques si elle tient à ses poumons! Telle n’est pas ma vision.

Quant au bruit, en suivant le même élu, on devrait se satisfaire d’avoir déjà abaissé la vitesse et posé du phonoabsorbant (ce qui se fait d’ailleurs partout désormais), et cela, même si les normes fédérales restent bafouées. Or celles-ci sont impératives et correspondent à des enjeux de santé. Les méfaits de l’exposition chronique à un bruit excessif sont documentés et peuvent être graves.

Autorité de proximité, la Ville de Genève doit défendre ses habitantes et habitants. Loin d’une croisade aveugle contre la voiture, il s’agit de rééquilibrer les modes de transport, au profit de ceux qui ménagent au mieux la qualité de vie et l’avenir de la planète et qui préservent un espace urbain, rare et donc précieux, où le trop-plein de voitures tue la voiture à coups de bouchons, au détriment des personnes qui en dépendent vraiment, comme le transport professionnel, indispensable à une économie dont le PLR se dit pourtant proche.

Dans cette optique, la Ville a proposé un nouveau plan de marquage à l’occasion de la réouverture du boulevard, avec une seule voie pour les voitures. L’État, qui en a la compétence, a refusé cette méthode rapide. Ses griefs de bricolage ou de remise tardive ne dupent personne: quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage.

Le peuple a pourtant demandé à 68% de donner la priorité aux modes doux en milieu urbain en 2016. On en est loin, et la résistance contre l’application de la volonté populaire reste forte. C’est déplorable, d’autant que la plupart des villes européennes ont réglé de longue date ces vieilles bisbilles. Genève doit s’extirper de ce marasme, sous peine de relégation.

Renouveler la ville est un combat quotidien pour le département que je préside. Quoi qu’en pense M. Provini, les dossiers avancent. Dans le secteur de Rive, trois rues ont été piétonnisées l’été dernier avec succès, et d’autres améliorations sont prévues en 2024. Le réaménagement du rond-point et de ses alentours a dû être révisé en profondeur pour tenir compte de l’absence de parking souterrain et des demandes des commerçants et maraîchers de maintenir le marché sur le boulevard Helvétique.

Plutôt que raser et replanter, on compte en outre préserver l’arborisation existante. Quant à la rue de Carouge, elle achève la course d’obstacles qui mène à l’autorisation de construire. En espérant qu’elle ne finira pas victime de milieux passéistes et droitiers, prompts à dénoncer les «dossiers qui traînent» tout en s’employant à les bloquer autant que possible.

Frédérique Perler

Face à face dans la Tribune de Genève du 29 novembre 2023, entre Maxime Provini et Christiane Winter de l’association Pont d’Air